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TH / P-F Les guerres napoléoniennes, épisode 1 : vos ancêtres voltigeurs


Les registres des soldats ayant fait les guerres napoléoniennes sont en ligne sur le portail culturel du Ministère des Armées « Mémoire des Hommes » . Ils font l’objet d’un extraordinaire travail collaboratif d’indexation que Généanet a également mis en ligne.


C’est une mine de renseignements pour la généalogiste que je suis car non seulement il est possible de découvrir ce qu’ont vécu nos ancêtres mais je dispose de leur description physique !


J’ai ainsi découvert soit des ancêtres directs soit les fils d’ancêtres directs.


Voici leur histoire. Fermez les yeux un instant et imaginez-vous de tout jeunes garçons, paysans ou ouvriers, illettrés pour la plupart d’entre eux, n’ayant jamais été au-delà du chef-lieu de canton et qui vont se battre dans toute l’Europe, engagés dans des batailles sans merci et dans des conditions extrêmes. Respect.


Je commence avec mes préférés, les voltigeurs :


« Dans son sens militaire, le voltigeur est un fantassin porté en première ligne par un cavalier qui le prend en croupe. Plus généralement, le terme désigne les unités d’infanterie légère d’une compagnie d’élite destinée à agir en tirailleur en avant de la ligne d’un bataillon »

Robert Ouvrard (napoleon-histoir.com)


Les compagnies de voltigeurs d'infanterie légère furent créées par l'arrêté du 22 ventôse an XII (13 mars 1804) dont voici quelques extraits :

« Cette compagnie sera composée d’hommes bien constitués, vigoureux et lestes, mais de la plus petite taille. Les sous-officiers et soldats qui y seront admis ne pourront avoir plus de 1 mètre 598 millimètres (4 pieds 11 pouces), les officiers plus de 1mètre 625 millimètres (5 pieds). »


C’est ainsi que votre ancêtre béarnais Jean BENGUERES (G8 sosa 214) est réformé pour petite taille le 12 avril 1805 (22 germinal an 13). Il devait être vraiment petit 😉 !


« Au lieu de tambours, cette compagnie aura pour instruments militaires des petits cors de chasse appelés cornets ».

« Les voltigeurs seront armés d’un sabre d’infanterie et d’un fusil très-léger, modèle de dragon »

« Les voltigeurs étant spécialement destinés à être transportés rapidement par les troupes à cheval dans les lieux où leur présence sera nécessaire, ils seront exercés à monter lestement et d’un saut en croupe d’un homme à cheval, et à en descendre avec légèreté ; à se former rapidement, et suivre à pied un cavalier marchant au trot. »

« Les voltigeurs seront aussi particulièrement exercés à tirer avec promptitude et beaucoup de justesse. »


Bernard Coppens cite un officier :

« les voltigeurs que j'ai eu l'occasion de voir, soit comme déserteurs, soit comme prisonniers de guerre, m'ont dit qu'ils avaient été soumis à un long et souvent périlleux entraînement, avant d'avoir été admis dans une compagnie de voltigeurs. Ces hommes doivent être experts en voltige, en saut, en course, à la nage, dans l'escalade des rochers les plus escarpés et des arbres les plus hauts, etc. »


« Je fus très surpris, en rentrant en France, de la haute idée qu'on s'était formée de la Garde impériale et du peu de cas qu'on faisait des voltigeurs, qu'on ne distinguait guère des compagnies du centre. Cependant les voltigeurs ont combattu mille fois plus que la Garde. Ils étaient toujours en tête et elle en réserve. Il ne se tirait pas un coup de fusil sans eux, et la Garde, qui prenait rarement part aux petits combats, donnait presque aussi rarement dans les batailles. Enfin, les voltigeurs étaient l'élite des corps et une partie de la Garde en était le rebut. Quiconque a vu la chose par ses yeux sait que beaucoup de colonels n'envoyaient à Paris que les hommes dont ils voulaient se défaire, tandis que les capitaines de voltigeurs n'admettaient dans leurs compagnies que des soldats d'un courage éprouvé. Aussi aurais-je préféré pour une attaque, commander à trois cents voltigeurs qu'à cinq cents hommes de la Garde. »

(Souvenirs du capitaine Desboeufs, p. 205 cité par Bernard Coppens sur son site que je vous invite à visiter : https://www.1789-1815.com).


Bref vos ancêtres voltigeurs étaient de sacrés gaillards comme nous allons le voir.


François PROST (G7 Sosa n° 88), Saint-Etienne-en-Bresse (Saône et Loire) 1791-1851


Né le 17 novembre 1791 à Saint-Etienne-en-Bresse, François est le fils de Claude PROST alors tailleur d’habits et Claudine GUILLAIN (G8 sosas 176 & 177).

"Visage rond, 1m57, front découvert, yeux roux, nez petit, bouche moyenne, menton rond, cheveux et sourcils noirs marques particulière teint brun."

Conscrit de 1811, arrivé au Corps le 22 février 1813, 3ème puis 1er Bataillon de Voltigeurs, il est blessé le 19 mai 1813 a priori juste avant la bataille de BAUTZEN en Allemagne. Il a 21 ans.

Carl von Clausewitz dans « La campagne de 1813 » décrit le moment où votre ancêtre est blessé :

« Le 18, on apprit que le général Lauriston, qu’on avait envoyé contre la Marche dans la conviction que les Alliés seraient désormais incapables de résistance, s’avançait par Hoyerswerda. Aussitôt, le corps de Barclay, auquel se joignit celui d’York, fut dirigé vers cette localité.

La marche s’exécuta sur deux colonnes dans la nuit du 18 au 19. La colonne de gauche, sous le général Barclay, tomba près de Koenigswartha sur le corps du général Lau­riston, le repoussa après une lutte opiniâtre et lui enleva 2 000 prisonniers et 11 canons. La colonne, de droite, sous le général York, forte d’environ 5 000 hommes, rencontra à Wleissig le corps du maréchal Ney qui s’était réuni à celui du général Lauriston. Les attaques répétées du général York contre les forces bien supérieures du maréchal Ney contri­buèrent beaucoup à empêcher le maréchal de se porter au secours de Lauriston. Grâce à cet effort, qu’York continua jusqu’au soir, le combat de Barclay contre Lauris­ton prit une tournure favorable et les positions du champ de bataille fu­rent maintenues jusqu’à la nuit. »


Photo (C) RMN-Grand Palais (Château de Fontainebleau) / Gérard Blot

François passe au 140ème de ligne le 22 février 1814.

Ce régiment avait été créé le 12 janvier 1813. Il sera dissous en Eure-et-Loir, le 12 mai 1814, date à laquelle François comme 300 000 autres hommes est renvoyé à la vie civile.


François se mariera en 1824 à 32 ans avec Marie CHANUT (G7 sosa 89). Elle est manouvrière et a 21 ans.

Son père Claude PROST décède à 73 ans en 1837, il est alors manouvrier. Plus triste sa mère Claudine GUILLAIN décède en 1843 et l’officier d’état-civil précise qu’elle fait « profession de mendiante ». Elle a 80 ans.


François décède en 1851 à 59 ans. Il ne pourra donc pas recevoir la Médaille de Sainte-Hélène, instituée par Napoléon III en 1857 et qui récompense les soldats qui ont combattu au côté de Napoléon 1er de 1792 à 1815.

Il est alors cantonnier au « Hameau de la Misère » à Saint Etienne en Bresse. Ce lieu-dit que je découvre existe toujours. Il est situé à mi-chemin entre Saint-Etienne-en-Bresse et Vérissey.

C’est encore Napoléon 1er qui a réorganisé les cantonniers puis sont venus les règlements de 1835 puis de 1882 qui ont amélioré leurs conditions de travail.

En 1851, les cantonniers sont des « ouvriers permanents de l’Etat ». Ces emplois étaient-ils réservés aux anciens soldats ?

Pour en savoir plus sur les cantonniers rendez-vous au musée des Berthalais.


·Claude GUILLET, G7 Sosa 90 , Saint-Etienne-en-Bresse, 1789-1873


Né le 7 novembre 1789 à Saint-Etienne-en-Bresse, fils de Claude GUILLET et Claudine BALORIN (G8 sosas 180 & 181),

"1m65, visage ovale, front plat, yeux gris, nez épaté, bouche petite, menton rond, cheveux et sourcils châtain."

Claude est grand pour un voltigeur. A-t-il été retenu pour des capacités exceptionnelles ?

Il faut noter qu’il devait être de robuste constitution car il décède à 83 ans !

Manœuvre comme son père lors de son mariage il est cultivateur à son décès.

A noter : ses enfants tout comme sa fille Pierrette (G6 sosa 45) savent signer au contraire de leur père à son mariage.


Arrivé au corps le 16 décembre 1809, 3ème voltigeur, incorporé venant du 114 de ligne.

De 1810 à 1814 il est voltigeur dans l’armée d’Espagne. Une des guerres les plus horribles. Il ne faisait pas bon être fait prisonnier par les résistants espagnols (je vous recommande le passionnant roman « Le Hussard » d’Arturo Perez-Reverte).


Claude intègre le 5e régiment d'infanterie de ligne dit régiment d'Angoulême, du 6 septembre 1814 au 23 décembre 1814.

« Le 5e de Ligne est conservé après l’abdication de l'Empereur et son départ pour l'ile d'Elbe. Désormais à trois Bataillons de 6 Compagnies, dont une de Grenadiers et une de Voltigeurs, (…) Son lieu de garnison est fixé à Grenoble. Le Colonel Roussille reste à la tête de l'unité qui se dénomme désormais Régiment d’Angoulême, 5e d’infanterie de Ligne. (…).

C'est à Grenoble, dans une vie de garnison monotone, que le Régiment apprend le débarquement de Napoléon à Golfe Juan et sa remontée vers les Alpes ... Il va devoir l'arrêter dans sa marche. »

Le 5e RI est le premier régiment à se rallier à Napoléon quand il vient l’arrêter au Col de Laffrey

« Soldats du 5e, je suis votre empereur. Reconnaissez-moi. S’il est parmi vous un soldat qui veuille tuer son empereur, me voilà ! » 1893), Henry Houssaye

Stendhal relate dans « Les Mémoires d’un touriste » publié en 1838 cet épisode qui va permettre à Napoléon de reprendre son empire jusqu’à Waterloole 18 juin 1815 Claude est fait prisonnier de guerre.


Je ne sais pas quel sort était réservé aux prisonniers mais il était sûrement peu enviable.

Quoi qu’il en soit notre Claude se marie le 18 janvier 1816. Il a donc été rapidement libéré !

Il épouse Marguerite PERNIN (G7 sosa 91) fille de Claude et Jeanne TOUCHEMOULIN (G8 sosas 182 & 183) cultivateurs à Saint-Etienne-en Bresse. Le couple aura au moins 3 enfants (deux « Claude » ! Ce sont eux qui déclareront le décès de leur père en 1873 et votre ancêtre Pierrette GUILLET (G6 sosa 45) qui épouse le fils de François PROST ci-dessus, Claude PROST (G6 sosa 44) !

Napoléon les aura rapprochés et leurs veillées ont du être alimentées des récits des deux grognards.

Je suppose - car les dépouillements ne sont pas finis pour la Saône et Loire - que Claude a reçu la Médaille de Sainte-Hélène, surtout vu son ralliement à Napoléon 1er en 1815.




Jean MINOIS, fils de Jean et Marguerite Millet (G8 224 & 225), Saint-Eloy-de-Gy (Cher) 1786 -?


Né le 29 janvier1786 c’est le frère de Paul Minois (G7 sosa 112) et donc l’oncle de Claude Minois (G6 sosa 56) qui a fait l’objet d’un post notamment pour sa participation à la Guerre de Crimée. Claude a dû être nourri des exploits de son oncle voltigeur de la 4ème compagnie d’élite de la garde impériale.


Garde Impériale, régiment des voltigeurs, officiers Charles-Edouard Armand-Dumaresq

"1m59 visage plein, front élevé, yeux bleus (un descendant d'écossais !), nez bien fait, bouche petite, menton rond cheveux & sourcils châtain".

Conscrit de 1806, il passe au service le 6 novembre 1806 dans le 81ème régiment d’infanterie de ligne, 4ème compagnie d’élite voltigeur.

Jean participe ainsi à la bataille d’Eylau le 8 février 1807 l’une des batailles napoléoniennes les plus sanglantes.

La Bataille d'Eylau, François Flameng

Jean donc fait les campagnes de 1807 et 1808 dans l’armée de Dalmatie puis en 1809 au 11ème corps d’Armée d’Allemagne.


Il passe à la Garde impériale le 5 mai 1811 et 5ème régiment de voltigeurs le 1er juillet 1811



D’après Wikipédia :

« La Garde impériale était un corps d'armée d'élite du Premier Empire, constitué de soldats vétérans et destiné à protéger fidèlement l'Empereur des Français et à servir de réserve d'élite à la Grande Armée lors des batailles. Elle fut créée par l'empereur Napoléon Ier le 18 mai 1804 à partir de l'ancienne Garde des consuls, simple unité assurant la protection du gouvernement à l'intérieur ainsi que la sécurité des consuls de la République.

Dans les faits, la Garde impériale ne servit que sous le commandement direct de Napoléon et constitua la force sur laquelle ce dernier pouvait toujours s'appuyer en toute circonstance. La Garde était composée des soldats les plus valeureux qui, initialement, avaient pour la plupart participé aux guerres de la Révolution et qui étaient totalement dévoués à la personne de l'Empereur. Son effectif ne cessa d'augmenter : de 9 798 hommes en 1804, elle atteignit celui d'une armée, 112 482 hommes en 1814, placés sous les ordres directs de l'Empereur. Lors des campagnes de 1813 à 1815, elle fut divisée en Vieille Garde, Moyenne Garde et Jeune Garde, ces dernières formées de recrues plus jeunes. Chaque corps de la Garde avait ses unités de cavalerie, d'artillerie et d'infanterie. »


Jean fait donc

en 1812 : la Campagne de Russie (La Moskowa),

en 1813 la Campagne d'Allemagne (Dresde, 16-19 octobre : Bataille de Leipzig),

en 1814 la Campagne de France

et bien sûr Waterloo en 1815.

Après quoi il est rendu à la vie civile !


Le 17 avril 1816 il épouse Anne BROCADET, il est de nouveau à Saint-Eloy-de-Gy mais je n’arrive pas à retrouver sa trace à ce jour. Il est décédé après 1857 car il serait Médaillé de Sainte-Hélène d’après Richard Darnault dont le site sur les Grognards du Berry est malheureusement fermé. Les recensements n’étant pas finis, j’espère retrouver sa citation.


Sylvain Mitaine fils de Claude et Magdeleine Harle (G9 sosas 510 & 511) et frère de Sylvine Mitaine (G8 sosa 255) Chaumont-sur-Tharonne, Loir et Cher 1784 - ?


Né le 17 août 1784 à Chaumont-sur-Tharonne, il est meunier lorsqu’il est appelé.

"1m62, visage ovale, front haut, yeux bleus, nez moyen, bouche moyenne, menton rond ,cheveux et sourcils châtain". Meunier


Appelé le 6 février 1815, il est dit « en arrière du 30 mars 1814 ». Cette date est celle de la Bataille de Paris qui voit la capitulation de Napoléon 1er.

Je suppose que Sylvain a rapidement retrouvé son moulin.


Le maréchal Marmont remet les clés de Paris au tsar Alexandre 1er de Russie


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