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P-F TAVERNIER de BOULLONGNE : de l’utilité des vieilles souches et des bourgeois


Votre grand-père Jean PEILLOT-FRANDET (G3 sosa 6) est picard par sa grand-mère paternelle Marie, Pétronille CRAVE (G5 sosa 25) d’Estrée-Saint-Denis, épouse d’Edmond PEILLOT-FRANDET (G5 sosa 24).



Marie, Pétronille CRAVE 1871 1949, vers 1891


Marie est d’une famille de meuniers installés à Estrées-Saint-Denis dans l’Oise au Moulin Brûlé. Comme beaucoup de professions, les meuniers ne se marient qu’entre eux mais parfois, il y a des exceptions, notamment si la promise est de belle lignée et surtout fortunée.


C’est ainsi que je découvre dans son ascendance Augustin DEBOURGES (G10 sosa 820) et son épouse Jeanne TAVERNIER de BOULLONGNE (G10 sosa 821).


Les TAVERNIER de BOULLONGNE ont fait couler beaucoup d'encre et je vais essayer de ne suivre que les faits et d’écarter les légendes.


Voici d’abord l’arbre d’ascendance de Jeanne (réduit pour plus de clarté à 4 générations. Je rédigerai des notices sur les autres familles).



Jeanne TAVERNIER de BOULLONGNE épouse vers 1720 Augustin DEBOURGES veuf depuis 1716. A ce jour je n’ai pas trouvé l’acte de mariage.


Les De BOURGES ou DEBOURGES – sans aucun titre de noblesse - sont de très riches laboureurs qui cherchent à prospérer localement. Une telle alliance ne peut que leur profiter.


Jeanne, née vers 1683 sûrement à Clermont dans l’Oise, est fille de Jean TAVERNIER de BOULLONGNE (G10 sosa 1642) et Anne Marguerite LALLEMAND (G10 1643) qui se marient à Compiègne le 20 mai 1681.


Jean TAVERNIER est dit Sieur de Boulogne, né à Clermont le 11 novembre1643 (parrain Arthus son frère) et résidant à Fresnoy en Beauvoisis. Parmi les représentants de sa famille figurent Jean de Laistre, Assesseur au Parlement, beau-frère de Jean Tavernier (époux de sa sœur Marie), Mr Henry Tonnellier Contrôleur au grenier à sel et « récepteur » des aides de Clermont.


Quant aux LALLEMAND, ce sont de riches bourgeois de Compiègne : le père d’Anne Marguerite, Jacques, est maître de l’hôtel de la bannière de France à Compiègne, son grand père Jehan est marchand boucher, son grand-oncle, le « vénérable » Jacques Lallemand qui procède à leur mariage, est prêtre à Paris (paroisse Saint-Jean-en-Grève, aujourd’hui disparue).


Archives Départementales de l’Oise Compiègne BMS 1681 1683 vue 161

« le mardy 20° may 1681 ensuitte des fiancailles solemnelles et des trois proclamations de ban du susdit mariage faites dans les églises parroissialles de St Samson de Clermont, de Fresnoy en Beauvoisis qu'en celle cy sans aucune opposition. Furent espousés en nostre présence et de nostre consentement par venerable et discrette personne messire Jacques Lallemand prestre diacre d'office de l'église parroissialle de St Jean en Greve de Paris Honneste personne Jean Tavernier Sieur de Boulogne Garçon majeur natif du dit Clermont et demeurant audit Fresnoy, et Anne Marguerite Lallemand fille de cette parroisse âgée de 20 ans ou environ fille d'honneste personne Jacques Lallemand Mt de l'Hostel de La Bannière de France et de Jeanne Poetre sa femme. Auquel mariage estoient prts (présents) Honnorable personne Mr Jean de Laistre advocat en parlement, beau-frère dudit Sr Tavernier espousé, Mr Henry Tonnellier Controlleur au Grenier à Sel et Recepveur des aydes de Clermont, le dit Jacques Lallemand père de ladt Anne Marguerite espousée, Pierre Poetre marchand boucher son oncle, ledt Sr Lallemand Pierre son frère qui ont signé plus les autres parens et amys des parties tesmoins non appellés. »


Nous assistons a priori au mariage d’un cadet de famille qui se (re) construit une lignée et s’allie avec une riche bourgeoise.


Amédée de Caix de Saint-Aymour, "Une famille d'artistes et de financiers aux XVII et XVIII siècles, les Boullongne" Ed Laurens,1919 écrit :


« D'après les traditions de famille les Taverniers de Boullongne descendraient de hobereaux du Nord, possessionnés en Flandre française et en Artois. "un cadet de ces Boullongne, forcé de quitter sa province, par suite de la ruine de sa maison, pour aller chercher sa vie ailleurs, était venu s'établir en Beauvaisis où il avait pris le nom de guerre de Tavernier que ses descendants avaient gardé même quand une meilleure fortune leur permit d'y ajouter celui de Boullongne, et qu'ils conservèrent comme nom distinctif, même après avoir repris (...) leurs relations de famille avec les autres branches de leur famille, restées uniquement Boullongne."


Charles TAVERNIER, Sieur de BOULLONGNE (G11 sosa 3284), le père de Jean est Conseiller du Roi et Lieutenant particulier de l'Election de Clermont. Il est né vers 1608 comme son épouse, Geneviève TRUYART (G11 3285), née le 16 septembre 1608 à Senlis.


Leur mariage est célébré le 11 septembre 1628 à Senlis par l’évêque en personne, Nicolas Sanguin ! Cet évêque, comme les Tavernier et les Truyart a de nombreux liens avec la magistrature locale et surtout parisienne.

A noter également, ils viennent tous d’échapper à la Peste qui a sévit à Senlis en 1625 et 1626 !


Archives départementales de l’Oise. Senlis BM 1624 1640 vue 82

"Un Charles Tavernier, issu de ce Boullongne venu se réfugier en Beauvaisis, vivait au commencement du XVII siècle à Clermont où il était Conseiller du Roi et Lieutenant particulier de l'Election.

Il épousa à Senlis, le 11 septembre 1628, en la paroisse St-Aignan de cette ville, Demoiselle Geneviève Truyart, fille de M° Jean Truyart, Intendant du don d'Octroi de la Ville et Receveur de l'Évêché de Senlis, et de Marie Simone de Vésigné (ou Vézinier), tante de Jeanne Vézinier, mère de Jean des Marets*, Receveur général du Tallion à Soissons. C'est l'évêque de Senlis, Nicolas Sanguin lui-même, qui donnait la bénédiction nuptiale aux jeunes époux ; témoignant ainsi de la considération dont jouissait les deux familles"

"Une famille d'artistes et de financiers aux XVII et XVIII° siècle, les Boullongne " Comte de Caix de St Aymour, 1919.


Jean Desmarets est l'époux de Marie Colbert, la sœur du ministre Colbert qui a l'époque était assez désargenté !


De leur union naîtront 7 enfants que voici décrits, toujours par Amédée de Caix de Saint Aymour :


« II. Philippe;

II. Arthus Tavernier de Boullongne, secrétaire de M. Desmarets, puis Conseiller du Roi et Receveur des tailles en l 'Election de Clermont. (…) Le 15 mai 1677, il acquiert, moyennant 36. 000 livres, de Charles Gaudais, écuyer, Sr de Pont et de Marie d'Esponty, sa femme, les deux charges de Receveur des tailles de Clermont. (…). Puis le 8 avril 1687, il assiste au mariage de son cousin Bon de Boullongne, le fameux peintre. Il mourut en 1694. Il avait épousé Dlle Marguerite Genest, dont il eut Jérôme T. B., Procureur Général des Barnabites (…),

II. Jean Tavernier de Boullongne, né en novembre 1643, qui a été marié et a laissé trois enfants. Nous n'en savons pas plus sur ce Jean et sur sa descendance. (C’est notre ancêtre !).

Il Pierre Tavernier de Boullongne, né en avril 1646, (…)

II. Marie Tavernier de Boullongne, mariée le 12 mars 1666 à Jean de Laistre, assesseur en la Maréchaussée de Clermont.

II. Geneviève Tavernier de Boullongne, Femme de Philippe Rigal, Conseiller du Roi et notaire royal à Clermont, (…).»


Charles décèdera le 3 octobre 1650 et son épouse le 9 juillet 1679 à Clermont.

Voici leur dalle funéraire. Le procureur général des Barnabites qui fait ériger cette dalle ne peut être que leur petit-fils Jérôme. Les Barnabites sont des religieux regroupés en congrégation qui vont fonder des écoles. Henri IV les appelle en France en 1608.



Dans les combles de l’Hôtel de ville de Clermont qui servait d’annexe à la bibliothèque municipale, (entre 1929 et 1934, date de la publication) « git un fragment d’une dalle en marbre noir qui était, dans le premier tiers du XVIII° siècle, ainsi qu’en témoigne la lettre d’un procureur général des Barnabites, dans la chapelle Saint-Louis, à Saint-Samson. C’est ce qui reste de la plaque funéraire élevée là à la mémoire des grands parents de ce religieux, Charles Tavernier, lieutenant en l’élection de Clermont, et Geneviève Truyart » Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique de Clermont-de-l'Oise


Si je vous ai donné les noms des autres frères et sœurs de Jean c’est que c’est le point de départ d’un pacte de famille initié par Louis de Boullongne, le peintre, qui, devant l’ascension de ses enfants dans les plus hautes sphères du pouvoir, leur recherche un titre de noblesse et doit prouver l’ancienneté de son lignage.


Portrait de Louis de Boullogne « le père ». Estampe de Louis Surugue pour sa réception à l’Académie de peinture d'après un tableau peint par Matthieu.

Amédée de Caix de St Aymour continue :


« Le 8 décembre 1751 à Paris : Un pacte de famille établit devant notaire certifie l'origine commune des trois branches de Boullongne : Boullongne de Beaurepaire, Boullongne de Paris (donnera la lignée de peintres et financiers) et les Tavernier de Boullongne ou Boullogne du Beauvaisis. La cadette est celle des Tavernier de Boullongne aussi appelée Tavernier Boullongne. Ils ne sont pas représentés lors de la signature car leur chef Louis Charles est très âgé (né en 1671) et resté à Clermont et sans fils pour le remplacer. Les trois branches sont d'accord pour dire qu'elles sont toujours restées en contact et permettre à tous de porter les mêmes armes. La généalogie est enregistrée par d'Hozier le 27 janvier 1753 et le même jour les armes sont réglées par le juge d'arme "d'argent, à la bande de sable accompagnée de trois lionceaux de sinople langués et onglés de gueules, et couronnés d'or à l'antique". Mais surtout elle permet aux Boullongne de Paris proche du pouvoir d'accéder aux plus hautes fonctions grâce à leur alliance avec des parents plus modestes mais de noble et ancien lignage !


Et voilà le tour est joué ! Le boucher (LES bouchers d’ailleurs comme je vous l’expliquerai plus tard avec les TRUYART) et les laboureurs ont permis aux nobliaux déclassés de se refaire une beauté.


Mais d’où vient Charles TAVERNIER ?


D’après les « Bulletin et mémoires de la Société archéologique & historique de Clermont-de-l'Oise », il serait né à Rémérangles, fils de François Tavernier, manouvrier. Ce qui est surprenant c’est que le fils d’un simple manouvrier puisse ainsi s’élever. De plus, cette note contient beaucoup d’erreurs (plus même que dans le livre de Caix de St Aymour dont les dates se sont toutes révélées exactes). Il fallait qu’il ait un minimum d’éducation pour épouser Geneviève TRUYART et occuper son poste. Je penche pour la piste du cadet de famille désargenté, ce qui serait compatible avec la proposition de Jean-Marc Popineau, mon lointain cousin par les Truyart et surtout historien, vice-président de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Compiègne : Jean serait le fils de Nicolas TAVERNIER et Geneviève BOULLONGNE.

Pour la branche des parisiens après la gloire viendra la chute :

« De la famille Tavernier de Boullongne, originaire de Clermont en Beauvaisis est issu Guillaume Tavernier, directeur des fermes à Orléans en 1695 et fermier général en 1715. Son fils Philippe-Guillaume Tavernier de Boullongne de Preninville, né en 1712, fut receveur général des finances de la généralité de Poitiers en 1749 et fermier général de 1759 à 1789. Le fils de Philippe-Guillaume, Jean-Baptiste Tavernier de Boullongne de Preninville, né en 1749 et mort sous la guillotine en 1794, avait été le filleul de Madame de Pompadour. Conseiller du Parlement de Paris en 1770, il fut trésorier de l’extraordinaire des guerres de 1772 à 1779 et fermier général en 1789. »

(Source site des Archives de France)



Je ne résiste pas au plaisir de vous apprendre qu’il existe un poirier d’hiver le Tavernier de Boullongne


« TAVERNIER DE BOULLONGNE. Fruit moyen, allongé, jaune-citron ; à chair blanche, ferme, serrée ; de première qualité cuite, maturité fin du printemps et jusqu'en été. Arbre rustique, propre au grand verger. Peu de Poires sont d'une aussi longue et facile conservation. — Trouvée près d'Angers, dans un bois, par M. Tavernier de Boullongne ; propagée par M. Joulain, pépiniériste à Angers. »


Vous découvrirez que la poire nous poursuit car une autre famille a donné son nom à une poire, les SALVIATI !






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