A priori les MORCELOT sont d'origine bretonne car la majorité des personnes portant ce patronyme se trouvent dans les Côtes d'Armor.
Ce n'est pas surprenant compte tenu de leur profession : pécheurs, poissonniers et voituriers (mariniers) à Chalon-sur-Saône (Saône et Loire).
Dame Françoise MORCELOT née le 6 novembre 1663 à Chalon sur Saône, est poissonnière. Son père François, est marchand pêcheur, sa mère Benoiste CHOULEY est née à Buxy (Saône et Loire).
Elle épouse Jean THEULOT, maître chirurgien, le 25 février 1685 dans l'église Sainte Marie, église située dans le quartier des pêcheurs et qui faisait face à l'île Saint-Laurent où est l'hôpital Saint-Laurent. L'église romane n'existe presque plus, ses vestiges abriteraient aujourd'hui un cabinet d'architectes.
Les pêcheurs constituent une corporation puissante et riche (il ne faut pas oublier que le vendredi et pendant le carême, les catholiques et donc la quasi totalité de la population ne mangeaient que du poisson ! ).
Mais elle n'était pas toujours de bon voisinage :
Dans "Histoire de Chalon-sur-Saône, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours" par Victor Fouque, "chez l'auteur, libraire, rue du Pont, 1844", je découvre ces détails savoureux :
« Le marché au poisson se tenait sur la place Saint-Vincent ; tout le voisinage était incommodé par la mauvaise odeur que répandait le poisson, surtout durant les grandes chaleurs. Les chanoines s'étaient plaints bien souvent du bruit et du caquetage des poissonnières qui troublaient les chants et les offices de la cathédrale. "
La place Saint-Vincent est la principale place de la ville, devant la cathédrale !
En 1693, Françoise est citée parmi les membres de la Confrérie de Saint Nicolas - patron des pêcheurs et des mariniers - qui admettait les femmes. Le droit d'entrée était de 10 livres tournois en 1686 soit environ 21 € plus 5 livres pour l'année.
Cette confrérie était puissante et ses terres, notamment l'ile Saint-Nicolas (en fait une terre fermée pour éviter toute intrusion quelle qu'elle soit homme ou bête) attire bien des convoitises. Sa puissance vient du fait que composée de la presque totalité des habitants de Sainte-Marie, ceux-ci jouissaient de droits de pêche attachés à la possession de l'ile.
Françoise est qualifiée de Dame ou Demoiselle, titre que l'on donne aussi bien aux nobles mariées qu'aux bourgeoises.
Elle s'éteint à Chalon-sur-Saône à l'âge de 82 ans le 9 mai 1746. Elle est enterrée dans l'église Saint-Laurent, dans la chapelle Sainte-Anne. Ce qui est encore une démonstration de richesse. Cette église n'existe malheureusement plus.