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P-F Marceline GOURDOU LABOURDETTE : Les noms de famille en Béarn ou le cauchemar du généalogiste

Dernière mise à jour : 4 févr. 2022



vers 1887 : a gauche Genevieve PAPE, Maurice PAPE son père avec Françoise PAPE sa petite-fille, Marceline GOURDOU LABOURDETTE

Votre grand-père Jean, Jules, Edmond PEILLOT-FRANDET (G3 sosa 6) était béarnais par sa mère Marcelle Pascale Augusta ARMAGNACQ (G7 sosa 13). Il avait l’habitude de dire « ma mère est née dans un moulin à eau dans le Sud-Ouest et mon père dans un moulin à vent dans le Nord-Est ». Ce n’est pas totalement faux et moi, je fais le grand écart !


Premières découvertes sur les patronymes béarnais :

  • Le ou la béarnais(e), surtout en milieu rural, peut porter plusieurs noms

et en changer tout au long de sa vie. Dans un même acte le curé peut lui donner des noms différents. Voire adopter des graphies différentes (GOURD’HOU ou GOURDOU dans le même acte)

Il faut donc absolument lire tous les actes et éventuellement ceux des autres membres de la famille.

J’ai ainsi le couple Jean 2 POUGUET (G8 sosa 212) et Jeanne CAPDEPON (G8 sosa 213) dont à ce jour je n’ai pu trouver l’acte de mariage. Or Jeanne s’appelle aussi Jeanne CAPDEPON dit GUILLEMET. Il existe bien un couple Jean POUGUET - Jeanne GUILLEMET dit LABAT mais après de longues heures d’investigations il ne s’agit pas de nos ancêtres.

J’ai mis un tableau en fin d’article sur les différentes combinaisons possibles.

  • Plusieurs frères ou sœurs peuvent porter le même prénom !

C’est ainsi que parmi les témoins il est fréquent de lire par exemple « présents Jean, frère, Jean aussi frère et autres Jean, frères ».

  • Le « de » qui accompagne le nom ne doit pas figurer dans le patronyme !

C’est une erreur fréquemment faite par les débutants (comme ce fut mon cas) qui s’imaginent parfois s’être trouvé de nobles origines !

Ainsi on ne dit pas « Marceline de Labourdette » ou « Marie de Sibade » ou encore » Nicolas de Cabanius » mais « Marceline Labourdette » », Marie Sibade », « Nicolas Cabanius ».

Je reviens à Marceline GOURDOU LABOURDETTE « victime » bien malgré elle de ces coutumes.



Marceline GOURDOU-LABOURDETTE vers 1914

Votre AAAGM Marceline GOURDOU-LABOURDETTE (G6 sosa 55 ) naît le 12 août 1855 à Oloron-Sainte-Marie. Son père Louis, charpentier, la déclare sous le nom de « LABOURDETTE » sans faire mention du patronyme « GOURDOU » qui est pourtant le sien ! Sa mère, Ramelle ou Rameline LAMOTHE, fille d’un charpentier et d’une espagnole est boulangère.


Son frère Jacques né en 1844, fait rectifier cette « erreur » et obtient du tribunal la suppression de LABOURDETTE dans son patronyme le 3 août 1898. Le jugement est porté en marge de son acte de naissance où il a été pourtant reconnu par son père sous le nom de Gourdou-Labourdette




Pierre, né lui le 13 janvier 1849 a plus de chance, il est déclaré sous le nom de GOURDOU et même que Marie née en 1846.


La tradition familiale voulait que ce soient les voisins qui aient déclaré Marceline mais il n’en est rien : c’est bien son père qui l’a reconnue sous ce nom.

Résultat : Marceline s’est fâchée avec ses frères car la démarche n’avait pas été faite pour elle.

Furieuse, elle disait qu’elle n’était pas une bâtarde et n'aurait plus jamais reparlé à ses frères !

Ce qui n'a pas empêché les autres membres de la famille de se voir puisque ma grand-mère Augusta est restée en relation avec son cousin Pierre-Michel GOURDOU et son épouse ANNA SIBERS et leurs enfants André et Odette que j'ai moi-même connus.


Ci-contre Pierre et Anna peut-être vers 1950



Le dernier GOURDOU que je retrouve ne s’appelle pas GOURDOU mais JEANLHAULE ! ou encore JOANLHAULER etc…. la graphie n’est pas stable.


Voici ci-dessous la ligne ascendante agnatique – c’est-à-dire l’ascendance par les hommes - de Marceline :


Ce qui m’a aidée c’est que les GOURDOU sont charpentiers.


Une des raisons de ces changements de nom est que nous sommes en milieu rural où la maison prime sur tout ! Cette maison – et surtout les terres avec - est transmise par héritage à l’aîné(e) de la famille, fille ou garçon :


« Dans nos vieilles coutumes se retrouve le respect, le culte de la maison. Ni un héritier, ni une héritière ne devaient quitter la leur qui n’était (pas) seulement la demeure faire de pierre et de mortier mais aussi une entité morale, et le signe symbolique d’une classe sociale. L’héritier épousait une cadette ou l’héritière épousait un cadet afin d’éviter la disparition d’une famille. Famille et maison ont été très longtemps chez nous strictement synonymes. Le nom de la maison servait de nom de famille »[i]


26 combinaisons de transmission de nom ont ainsi été recensées par des chercheurs et la littérature sur le sujet est abondante :


Source : Roseline Segrestin, Lucienne Jakobi et Pierre Darlu, « Généalogie et transmission du nom en Béarn du XVIIIe au XXe siècle », Bulletins et mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris [En ligne], 19 (1-2) | 2007, mis en ligne le 03 janvier 2011, consulté le 22 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/bmsap/3002 ; DOI : https://doi.org/10.4000/bmsap.3002

« Il reste bien entendu que les changements de patronyme constatés sur l’exemple de l’annexe II, laissent entrevoir que des gendres, en épousant l’héritière, ont, à leur mariage, perdu le nom de la maison d’où ils venaient, pour prendre, et jusqu’à leur décès, celui de la maison dans laquelle ils étaient entrés. Concrètement, le nom de la maison s’impose : - aux parents, détenteurs du patrimoine foncier “la maison et les biens” - au couple qui leur succédera, fils ou fille, héritier ou héritière, ainsi qu’à la bru ou au gendre selon le cas. - aux enfants issus de ce couple, tant qu’ils demeureront dans la maison. - aux oncles et tantes, ainsi qu’à la fratrie de l’héritier ou de l’héritière, tant qu’ils seront dans la maison, impérativement dans l’état de célibat. Pour ce qui est du patronyme des enfants nés du couple, on observe, dans les registres paroissiaux, qu’ils sont parfois baptisés sous le nom de la mère, lorsqu’elle est l’héritière, quand ce n’est pas sous le nom même de la maison, ce qui brouille bien les pistes pour le chercheur. »[ii]


A ce jour je n’ai pas trouvé si LABOURDETTE vient du mariage de Jean GOURDOU dit CADET avec Marie RANCES. A suivre donc….

[i] Osmin Ricau « Histoire des noms de famille d’origine gasconne » page 49 (Ed. Princi Néguer, 1960) [ii] « Une particularité pyrénéenne : la prédominance de la maison » Conférence donnée le 2 octobre 2004 à Toulouse par Michel SAUVÉE

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